Il est désormais établi, après l’autopsie d’Arafat Jaradat, que ce prisonnier de 30 ans, père de 2 enfants et dont la femme est enceinte d’un 3ème, est mort samedi des suites des coups et tortures que lui ont fait subir pendant 5 jours ses tortionnaires israéliens. C’est le deuxième prisonnier palestinien qui décède en prison depuis le début de cette année, tandis que d’autres, en grève de la faim sont en train de mourir. Le colère monte en Palestine.
Suspecté d’avoir jeté une pierre pendant les affrontements à Hébron ces derniers jours, Arafat Jaradat, a bel et bien été cruellement battu et torturé.
"Il y avait des marques de torture sur son dos, sur sa poitrine, une profonde blessure à l’épaule et d’autres blessures le long de sa colonne vertébrale comme sous la peau", a déclaré Issa Qarage, ministre des prisonniers de l’AP, alors qu’un médecin de l’autorité palestinienne a assisté à l’autopsie du corps d’Arafat Jaradat, une fois qu’il a été renvoyé en Palestine.
Le Fath lui-même estime qu’une intensification de la résistance populaire est justifiée, d’autant que 4 prisonniers politiques palestiniens peuvent également mourir à tout moment de leur longue grève de la faim, la vie de Samer Issawi, notamment, ne tenant qu’à un fil.
Ceci peut conduire à une troisième intifada dont l’arrogance israélienne sera la cause", a-t-il déclaré, tandis que des milliers de Palestiniens ont manifesté dans toute la Palestine, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza ce dimanche et que bon nombre d’entre eux ont été blessés par les escadrons israéliens.
Le Comité de Résistance Populaire a appelé ce lundi a poursuivre les actions de protestation, à dresser des tentes dans le pays et a fait appel à la solidarité internationale.
Il affirme que Israël a choisi de tuer Arafat Jaradat pour briser le mouvement de grève de la faim des prisonniers palestiniens. "C’est un crime qui mérite des sanctions", a-t-il déclaré.
Mustafa Barghouti (Initiative Palestinienne) a déclaré ce lundi que la résistance populaire non violente devait se développer et constituer une 3ème intifada, seul moyen qui reste aux Palestiniens pour obtenir leur liberté.
"Les Israéliens ont fermé toutes les portes aux Palestiniens. Ils s’emploient depuis 20 ans, depuis le soi-disant processus de paix d’Oslo, à tuer toute possibilité de paix", a-t-il déclaré.
"Ils se servent de la violence des colons et de l’armée israélienne pour provoquer en permanence les Palestiniens et les supprimer. Il y a des dizaines de Palestiniens sur lesquels ils ont tiré à balles réelles la semaine dernière".
"La communauté internationale reste indifférente au sort des Palestiniens. Ils ne peuvent donc se reposer que sur leur seule résistance. Et cette 3ème intifada ressemblera à la première : massive, non-violente, et elle se répandra dans toute la Palestine".
Source : http://maannews.net/eng/ViewDetails...
Nous remercions toutes les femmes et tous les hommes qui ont bravé le froid ce week-end pour montrer à leurs gouvernements qu’ils étaient indignés par leur passivité face à la situation barbare et illégale imposée par Israël aux prisonniers politiques palestiniens. Ce mouvement de solidarité doit s’amplifier !
LIRE AUSSI: Israël torture les enfants palestiniens
Palestine, ces prisonniers ignorés en grève de la faim
Imaginons un instant deux mille prisonniers politiques en Chine engagés dans une grève de la faim depuis plusieurs semaines ; ou bien deux mille autres, mobilisés dans un mouvement similaire en Russie. Il y a peu de doute que les télévisions et les radios, si promptes à se mobiliser sur les atteintes aux droits humains dans de lointains pays, ouvriraient leurs bulletins d’information sur cette nouvelle, s’indigneraient de cette violation des droits élémentaires, appelleraient nos autorités à réagir et même à intervenir, à imposer des sanctions à Pékin ou à Moscou.
Il y a bien deux mille prisonniers politiques qui font la grève de la faim, mais en Palestine. Et l’information ne semble pas intéresser grand-monde. Mais nous le savons depuis longtemps, les Palestiniens, les Arabes, les musulmans ne sont pas vraiment des êtres humains comme les autres.
Revenons d’abord sur les faits, rapportés par le correspondant du Monde (« Le mouvement de grève de la faim des prisonniers palestiniens en Israël s’étendrait à 2 000 détenus », Lemonde.fr, 6 mai) :
« Israël éprouve des difficultés croissantes à contrôler le mouvement de grève de la faim des prisonniers palestiniens, qui ne cesse de s’étendre. Commencée le 17 avril pour protester contre la pratique de la détention administrative (qui permet de maintenir un suspect en prison sans jugement, pendant une période de six mois renouvelable), cette action regrouperait aujourd’hui quelque 2 000 détenus, selon Addameer, l’association palestinienne de défense des droits des prisonniers. » (...)
« Deux prisonniers au moins sont dans un état critique : Bilal Diab, âgé de 27 ans, est originaire de Jénine, et Thaer Halahla, âgé de 33 ans, originaire de Hébron (tous deux membres du Djihad islamique), ont commencé leur grève de la faim le 29 février. Après soixante-six jours sans alimentation, ils sont entrés dans ce que les médecins appellent “une phase aléatoire de survie”. Les deux hommes ont comparu, jeudi 3 mai, sur une chaise roulante, devant le Cour suprême d’Israël, mais celle-ci a renvoyé sa décision sur une éventuelle remise en liberté à une date ultérieure. »
« Au moins six autres prisonniers sont dans un état de santé jugé alarmant. Ce mouvement de grève s’est étendu aux principaux centres de détention en Israël, et plusieurs chefs de file de la résistance palestinienne, comme Ahmad Saadat, chef du Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), l’ont rejoint. Alors que les manifestations de solidarité se multiplient dans plusieurs villes palestiniennes, le gouvernement du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, hésite sur la conduite à adopter. »
Cette grève pose d’abord la question des détentions administratives (c’est-à-dire sans preuve et sans jugement), une pratique héritée de l’époque du mandat britannique, quand Londres luttait (1944-1948) contre le « terrorisme sioniste ». Comme je le rappelle dans De quoi la Palestine est-elle le nom ?, ces lois d’exception avaient été dénoncées par nombre de juristes, dont le docteur Moshe Dunkelblum, qui devait siéger plus tard à la Cour suprême d’Israël. Le 7 février 1946, il déclarait : « Ces ordonnances constituent une menace constante contre les citoyens. Nous, juristes, voyons en elles une violation flagrante des principes fondamentaux de la légalité, de la justice, de la discipline. Elles légalisent le plus parfait arbitraire des autorités militaires et administratives. (…) Elles dépouillent les citoyens de leurs droits et confèrent aux autorités des pouvoirs illimités. » Mais, une fois arrivés au pouvoir, les sionistes oublièrent ces critiques et retournèrent ces lois contre les Arabes.
La Cour suprême d’Israël, que certains présentent comme le garant de la démocratie dans ce pays, a rejeté l’appel de deux prisonniers administratifs en grève de la faim depuis deux mois (« Court rejects petition by Palestinian hunger strikers against detention », Haaretz, 8 mai 2012). En toute hypocrisie, elle a noté que cette pratique de la détention administrative était « une aberration dans le domaine juridique » et devait donc être utilisée « aussi peu que possible », mais les prisonniers qui avaient fait appel étaient déboutés. Il fut un temps où Israël autorisait officiellement des « pressions physiques modérées » contre les détenus palestiniens : un peu de torture, pas trop... Une décision que cette Cour suprême « humaniste » a soutenue jusqu’en 1999 (on était, à l’époque, en pleines « négociations de paix » entre Israël et l’OLP !).
La grève des prisonniers palestiniens a été relayée par les déclarations de Richard Falk, le rapporteur spécial de l’ONU pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens occupés, qui s’est déclaré « écœuré par les violations continues des droits de l’homme dans les prisons israéliennes. Depuis 1967, 750 000 Palestiniens, dont 23 000 femmes et 25 000 enfants, ont été en détention dans les prisons israéliennes, soit près de 20% du total de la population palestinienne des territoires occupés », a-t-il rappelé (cité dans Armin Arefi, « Israël : la dernière arme des prisonniers palestiniens », AFPS).
Conclusions : silence radio dans la plupart des médias ; aucune pression sur le gouvernement israélien ; aucune indignation morale de tous ces grands intellectuels... La terre continue de tourner et certains s’étonnent que les discours européens sur la démocratie et les droits humains suscitent surtout des ricanements dans le monde arabe.